Avec tout le respect dû aux gens de Hyundai, il est impossible de regarder leur nouvelle berline compacte électrique Ioniq 6 sans la comparer à sa concurrente directe. Et non, nous ne parlons pas de l’Ioniq 5; les acheteurs voudront soit le multisegment (5), soit la berline (6). Non, jetons plutôt un coup d’œil à l’éléphant dans la pièce : la Tesla Model 3.
Il suffit de regarder : l’Ioniq 6 et la Model 3 sont toutes deux des berlines compactes (une rareté croissante dans le monde de l’automobile, compte tenu de la domination des multisegments et des VUS), elles ont une autonomie et un prix d’entrée similaires. On pourrait également citer la Polestar 2, mais la Model 3 est la deuxième voiture électrique la plus vendue au monde (juste derrière sa sœur, la Model Y, de type multisegment), vous pouvez alors aisément voir pourquoi cette voiture est définitivement dans la mire de Hyundai.
Alerte au divulgâcheur : la Hyundai a beaucoup d’atouts dans son jeu.
D’abord, rendons à Hyundai ce qui lui appartient et concentrons-nous sur ce qui se révèle être un nouveau jalon électrique pour la marque sud-coréenne. L’Ioniq 6 est le troisième véhicule tout électrique de la gamme actuelle de Hyundai, après l’Ioniq 5 et les multisegments Kona. Il s’agit d’une vraie berline, avec même un vrai coffre au lieu d’un hayon comme la Tesla.
À l’extérieur, elle est joliment profilée, mais ce n’est pas qu’une question d’apparence : avec un coefficient de traînée (Cx) de seulement 0,22, c’est l’un des véhicules les plus aérodynamiques sur la route à l’heure actuelle. De plus, Ressources naturelles Canada a classé l’Ioniq 6 (avec des jantes de 18 pouces) comme étant le véhicule le plus efficace au Canada, qu’il soit électrique ou non. Il s’agit donc assurément d’un point positif.
L’Ioniq 6 est proposée en trois versions au Canada : la version de base Preferred à longue portée à propulsion avec des jantes de 18 pouces est proposée à partir de 54 999 $ et offre une autonomie impressionnante de 581 km. Le modèle Preferred à traction intégrale et longue portée avec des jantes de 18 pouces est proposé à partir de 57 999 $ et offre une autonomie de 509 km. La version haut de gamme Preferred à traction intégrale et longue portée avec l’ensemble Ultimate et des jantes de 20 pouces coûte 63 999 $, mais son autonomie est réduite à 435 km, ce qui est entièrement dû aux jantes plus grandes.
Quoi qu’il en soit, le prix est clairement à l’avantage de Hyundai. Alors que la Model 3 de base à propulsion est proposée à partir de 54 990 $ (neuf dollars de moins que la Hyundai!), elle ne dispose que de 438 km d’autonomie. Pour la Model 3 Performance haut de gamme, dotée d’une autonomie de 507 km et d’une traction intégrale, il faut débourser 72 990 $! C’est une énorme différence. Et l’Ioniq 6 est admissible aux incitatifs du gouvernement fédéral pour les véhicules électriques.
Le design lui-même est un autre atout pour Hyundai. À l’extérieur, l’Ioniq 6 se distingue par son allure, différente de tout ce qui existe sur la route, malgré son statut de berline conventionnelle. De l’arrière, on pourrait la confondre avec une Porsche 911 avec sa partie arrière inclinée. La conception des phares en « pixels » de l’Ioniq 5 est reprise à l’intérieur comme à l’extérieur, et l’Ioniq 6 est également dotée de poignées de porte extérieures affleurantes pour un meilleur aérodynamisme.
L’intérieur est un régal : il offre un écran de 12,3 po pour le conducteur et un écran d’infodivertissement attenant de 12,3 po, que je préfère de loin à l’écran plus grand et situé en position portrait de la Model 3, qui domine l’intérieur. Vous pouvez opter pour un intérieur entièrement noir en tissu ou en similicuir, mais c’est l’option similicuir gris bicolore qui se distingue le plus.
Quel que soit votre choix, l’habitacle est spacieux, même pour les passagers arrière, avec beaucoup d’espace pour les jambes. Le seul problème, cependant, est la hauteur sous pavillon à l’arrière : avec ce toit incliné, les passagers risquent de se frotter les cheveux sur la garniture de pavillon.
L’intérieur est cependant minimaliste et élégant. Les panneaux de porte sont nervurés et l’éclairage d’accentuation à DEL ajoute de l’éclat à la nuit. Bien que l’ensemble paraisse bien assemblé, certains matériaux sont en plastique dur et donnent l’impression d’être un peu bon marché.
Mais il y a des touches astucieuses à l’intérieur, comme le compartiment pratique sous la console centrale qui peut accueillir des sacs de grande taille. J’aime aussi le fait qu’il y ait des boutons pour les différentes fonctions, au lieu de devoir passer par les menus de l’infodivertissement (bien que les sièges chauffants soient malheureusement commandés par de tels menus). Globalement, je préférerais cet intérieur à celui de la Model 3.
L’Ioniq 6 offre également une gamme complète d’aides à la conduite et de dispositifs de prévention des collisions, comme l’assistance à la conduite sur autoroute II (son régulateur de vitesse intelligent). Le système d’infodivertissement est intuitif et facile à utiliser, et il est compatible avec Apple CarPlay et Android Auto. Le seul ajout frivole est la gamme de tonalités apaisantes, telles que Fireplace ou Rain (feu de foyer ou averse), qui contribuent néanmoins réellement à calmer le conducteur et les passagers.
Toutefois, en raison de cette forme élancée, l’espace de chargement s’en ressent. Le volume du coffre n’est que de 316 litres, ce qui est à peine suffisant pour les bagages de deux personnes. La Model 3 l’emporte ici avec un volume de coffre de 516 litres. Il faut vraiment vouloir la berline pour choisir entre cette dernière et l’Ioniq 5, plus pratique et plus spacieuse.
L’Ioniq 6 utilise la même batterie de 77,4 kWh que l’Ioniq 5, mais un meilleur aérodynamisme lui permet d’avoir une plus grande autonomie. Le moteur unique du modèle de base à propulsion génère 225 ch et 258 lb-pi de couple, tandis que les versions à traction intégrale bénéficient d’une puissance plus élevée de 320 ch et de 446 lb-pi de couple grâce à leurs deux moteurs. Son système de recharge compatible de 800 V et sa vitesse de recharge de 350 kW permettent de recharger la batterie en 18 minutes ou d’augmenter l’autonomie de 100 km en 5 minutes. À condition, bien sûr, de trouver un chargeur de niveau 3 aussi rapide. La recharge de la batterie avec une installation classique de 50 kW prend 73 minutes.
Avec la Preferred à traction intégrale et longue portée munie de l’ensemble Ultimate, notre modèle d’essai du jour, l’accélération était prodigieuse, mais pas écrasante, comme avec d’autres VE. La direction était pondérée, même si le volant n’offre pas beaucoup de sensations au conducteur. Mais la conduite est confortable, silencieuse et agréable sans être trop sportive. Le bruit du vent et des pneus est réduit au minimum.
Trois modes de conduite modifient l’accélération et le freinage régénératif, qui peuvent également être contrôlés à l’aide de palettes au volant, jusqu’à la conduite à une pédale. Globalement, après quelques heures passées au volant, la voiture semble bien mieux conçue et mieux assemblée que la Tesla.
Mais il faut rendre à Tesla ce qui lui revient, la Model 3 présente deux avantages par rapport à la Hyundai. Tout d’abord, le réseau de bornes Supercharger de Tesla est de loin supérieur à l’ensemble disparate de réseaux de recharge CCS en Amérique du Nord. Les bornes Supercharger représentent plus de 20 000 des 35 000 bornes de recharge rapide de niveau 3 en Amérique du Nord, d’après Ressources naturelles Canada. En outre, elles se sont révélées beaucoup plus fiables, offrent des recharges plus rapides et sont plus faciles à utiliser.
Ensuite, et c’est peut-être le plus important, Tesla a réussi à mettre des voitures dans les entrées des particuliers dans les deux mois suivant leur commande, et souvent même plus tôt. Hyundai (et, pour être juste, tous les autres constructeurs automobiles) a été gravement touchée par la pénurie de puces et d’autres problèmes de chaîne d’approvisionnement, ce qui signifie que les clients potentiels ont été contraints d’attendre un an ou plus pour obtenir leur véhicule Ioniq 5. L’entreprise n’a également alloué que 2 500 Ioniq 6 au Canada cette année, de sorte que les acheteurs potentiels devront se dépêcher.
L’année dernière, Hyundai a seulement été devancée par – vous l’aurez deviné – Tesla en ce qui a trait aux ventes globales de VE. L’Ioniq 6 contribuera à augmenter ces chiffres et, pour l’essentiel, elle l’emporte nettement sur sa principale concurrente, la Model 3. Il ne reste plus à Hyundai qu’à les acheminer chez ses concessionnaires et dans les entrées de ses clients.