En 1953, Chevrolet a dévoilé une voiture concept qui est devenue une icône nord-américaine. Et maintenant, juste avant sa première présentation au public, le site thecharge.ca a été invité à faire l’essai de la plus récente Corvette sur le site ultra-secret de GM, aux Milford Proving Grounds, dans le Michigan. La Corvette E-Ray 2024 est très différente et elle arrive avec quelques premières notables.
Tout d’abord, il s’agit de la première Corvette équipée d’un moteur électrique et d’un système hybride qui permet de parcourir six kilomètres en mode électrique uniquement. Cette combinaison permet également de réaliser une deuxième première, à savoir la transmission intégrale. Si la capacité à fonctionner uniquement à l’électricité permet de réduire la consommation de carburant et si le système de transmission intégrale permet de rouler par tous les temps, l’aspect électrique n’est là que pour une seule raison : les performances. Si la E Ray est une grande routière dans l’âme, c’est aussi une voiture de sport très sérieuse, dotée de la puissance et de la maniabilité exigées d’une automobile de classe mondiale.
Le format est simple. Le moteur V8 de 6,2 litres monté en position centrale développe 495 chevaux de puissance et 470 livres-pieds de couple, et il fonctionne avec une boîte de vitesses à double embrayage à huit rapports pour entraîner les monstrueux pneus arrière P345/25R21. Ces pneus ont imposé l’adoption de la carrosserie large de la Z06, ce qui est une très bonne chose sur le plan stylistique.
Avancez et vous trouverez un moteur électrique à haut rendement logé sous le coffre avant. Il est alimenté par une batterie de 1,9 kilowattheure. Le système hybride, qui n’ajoute que 118 kilogrammes au poids à vide de la E-Ray, est également quelque peu différent. La batterie a été spécialement conçue pour céder sa puissance et accepter une charge très rapidement. À cet égard, elle s’apparente davantage à un condensateur qu’à une batterie classique, ce qui rend la réponse électrique instantanée.
Plus important encore, le moteur électrique ajoute 160 ch de puissance et 125 lb-pi de couple et il entraîne les pneus avant P275/30R20. L’avantage, c’est que l’engrenage du moteur permet de multiplier le couple par huit, de sorte que lorsqu’il s’agit d’accélérer, la E-Ray est très, très rapide. Le fait que les sources d’énergie électrique et à essence se combinent pour produire une puissance nette de 655 ch ne peut qu’améliorer les choses! Lorsqu’on a demandé aux ingénieurs quelle avait été la partie la plus difficile de la E-Ray à concevoir, la réponse a été l’interaction entre les deux sources d’énergie. Le moteur V8 et le moteur électrique sont totalement indépendants et ils ne sont reliés que par le tarmac qui se trouve entre les roues avant et arrière. Cela signifie que, contrairement à la plupart des systèmes hybrides, les deux systèmes sont autonomes, et ils peuvent donc fonctionner indépendamment ou ensemble selon les besoins, et ce, de manière transparente.
La E-Ray est équipée du système Magnetic Ride Control 4.0 avec trois réglages. Le réglage est plus ferme que celui de la Stingray, mais il est plus souple que celui de la Z06. Cela lui permet de remplir son mandat de grand tourisme sans renoncer à la maniabilité. Elle utilise également des freins Brembo en céramique pour contenir la puissance.
Il existe plusieurs modes de conduite : Tour, Sport, Track, Weather, My Mode et Z-Mode. Les deux derniers sont personnalisables – de la note d’échappement à la suspension adaptative, en passant par le groupe motopropulseur. Il existe également deux modes électriques. Le mode Stealth utilise uniquement l’électricité jusqu’à ce que le conducteur soit trop agressif avec la pédale d’accélérateur ou que la E-Ray atteigne 72 km/h. Dans l’une ou l’autre de ces situations, le système passe automatiquement en mode hybride normal. Le deuxième mode VE est le mode Shuttle. Il n’est pas conçu pour la route, mais il permet au propriétaire de déplacer la E Ray sans avoir à démarrer le moteur et à faire chauffer le bloc. Ce n’est pas conseillé lorsque la voiture a été remisée pour l’hiver.
Nous n’avons pas encore pu la conduire, mais nous avons pu faire un tour. Le parcours de démonstration de la E-Ray a commencé par un passage de l’arrêt à 160 km/h. La commande de lancement engagée, la E-Ray a quitté la ligne de départ comme si elle était sortie d’un canon. C’est que la combinaison essence et électricité fait de cette Corvette la plus rapide de tous les temps – elle atteint 100 km/h en moins de trois secondes, ce qui est plus rapide que la Z06!
Après avoir fait l’expérience des capacités en ligne droite, nous sommes allés sur un circuit d’autocross où la E-Ray a été poussée au maximum. La clé ici est que le moteur électrique monté à l’avant apporte une dimension dynamique dont aucune autre Corvette n’a jamais bénéficié!
Pendant le parcours en autocross, le train arrière était tellement de travers que je regardais par la fenêtre du passager pour voir où nous allions. C’est là que le moteur électrique a porté ses fruits. La puissance transmise par les roues avant a permis de ramener la E-Ray dans le droit chemin et de la rendre manœuvrable dans les situations les plus défavorables. Bien sûr, avec une Corvette normale, le conducteur aurait pu ramener l’arrière de la voiture dans le droit chemin avant de faire un tête-à-queue, mais la vitesse et la grâce avec lesquelles la E-Ray pouvait être corrigée étaient très impressionnantes. Plus impressionnant encore, la E-Ray a effectué un changement de voie complet à 135 km/h sans même tressaillir. Ça, c’est de la classe mondiale.
Ainsi, en effectuant un cercle de traction avec l’arrière déporté, le moteur électrique a tiré la E Ray vers l’avant alors que les pneus arrière dérivaient et fumaient. La raison pour laquelle il est possible de déporter l’arrière de la voiture et de le maintenir dans cette position est grâce au système Performance Traction Management. Il dispose de cinq réglages du contrôle de la stabilité, y compris la désactivation complète.
En concevant la Corvette, les ingénieurs ont choisi d’utiliser le tunnel central pour rétablir l’intégrité structurelle perdue lorsque la section du toit a été retirée. Cette conception permet de maîtriser les vibrations du capot, qui sont le fléau de nombreux coupés ou cabriolets à toit Targa. L’avantage est que cette disposition a donné aux ingénieurs un endroit où placer la batterie. Elle est protégée et laisse intact l’espace de rangement sous le capot. Pour éviter que les choses ne deviennent trop chaudes, il y a trois refroidisseurs supplémentaires : un pour la batterie, un autre pour le moteur électrique et un troisième pour l’électronique de puissance.
L’habitacle reflète les autres modèles de Corvette, bien que l’instrumentation ait été modifiée pour montrer ce que font les composants de la transmission. Il y a également un bouton très pratique situé sur le tunnel central. Ce bouton Charge+ permet au conducteur de recharger la batterie pendant la conduite normale. Lorsqu’il est engagé, le moteur électrique passe en mode régénératif. Le système utilise ensuite le moteur et les roues arrière pour exécuter la phase de « récupération » jusqu’à ce que la batterie soit rechargée. C’est conçu pour les moments où le conducteur souhaite disposer d’une batterie entièrement chargée. Cela peut être pour un tour de piste à fond ou lorsque l’autonomie totale en mode électrique est nécessaire.
La présentation de la Corvette E-Ray 2024 a été brève, mais le message à retenir était aussi fort et clair que la note d’échappement et les performances électrifiées. En bref, la E-Ray propulse la Corvette à un niveau supérieur. La puissance, la maniabilité et la transmission intégrale établissent de nouvelles références; l’électrification donne enfin à la Corvette un côté vert.
Bien sûr, tout cela a un prix : celui de la E-Ray débutera à 128 798 $ au Canada pour le modèle coupé; le prix de la décapotable sera annoncé plus près de la date de lancement.